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Caucase

Le Caucase est géographiquement considéré comme le trait d'union entre l'Europe et l'Asie. Ce qui devrait placer logiquement la Turquie en Europe. Un débat auquel les politiciens se sont mêlés ces dernières années sans apporter d'arguments tangibles ni de réponses satisfaisantes.
J'étais impatient en arrivant au Caucase de vérifier à quel point mes origines étaient caucasiennes, comme dit la police. Les Caucasiens ne s'y trompèrent pas, j'avais bien une tête d'occidental et personne ne reconnut mon "type caucasien". J'étais un étranger et on me reçut comme tel. Très bien d'ailleurs. Rares sont les Caucasiens qui se revendiquent européens. Pour eux, être européen, est moins une question ethnique qu'économique et sociale. De ce point de vue, les Caucasiens savent qu'ils ont encore un long chemin à faire.

Le Caucase est partagé en deux régions, le Caucase du sud, aussi appelé Transcaucasie, englobant la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la partie orientale de la Turquie. Le Caucase du nord est appelé Ciscaucasie et comprend les régions placées sous l'autorité de la Russie. Une autorité qui s'exerce d'ailleurs parfois avec les armes.

La Ciscaucasie est difficilement accessible, je me suis contenté de me balader en Transcaucasie.
Les républiques de Transcaucasie ont acquis leur indépendance au début des années 90, profitant de la chute de l'Union soviétique. Vingt ans plus tard, on a pourtant encore le sentiment de plonger en URSS en parcourant la région. Les ruines de l'empire déchu constituent un aspect important du paysage transcaucasien. Bâtiments, infrastructures, jusqu'aux véhicules (beaucoup de véhicules militaires soviétiques recyclés circulent encore, certains pouvant faire office de transport public).

Les nouvelles républiques indépendantes du Caucase peinent à prendre leur distance avec la Russie et restent sous influence forte de ce voisin gênant. L’Arménie, éternellement reconnaissante à la Russie pour son soutien lors de la guerre au Nagorno-Karabakh contre l'Azerbaïdjan, reste très russophile. Ça n'est pas le cas de la Géorgie, quoique ses relations avec la Russie restent ambigües, y compris après l'épreuve de force de l'été 2008. En août, la tentative géorgienne de reprendre par la force le contrôle de la région séparatiste d'Ossétie du sud avait entraîné une riposte militaire immédiate et très ferme de l'armée russe. Une passe d'armes qui devaient rappeler à la Géorgie que Moscou décide encore de tout dans le Caucase. La Géorgie semble avoir pris bonne note du message.

L’Azerbaïdjan compte un allié puissant en la Turquie, l'islam constituant un lien que certains croient indéfectible. Pas si sûr, car l'alliance parait fragile tant la Russie exerce une influence sans partage sur le Caucase. Personne, pas même les Américains qui aimeraient pourtant s'installer dans la région, ne semblent encore en mesure de contester la prédominance russe.

Nul doute pourtant que les Américains n'ont pas dit leur dernier mot. L'importance stratégique du Caucase, par lequel transitent pétrole et gaz venus d'Asie centrale, place la région au centre d'un enjeu trop important pour ne pas raviver les rivalités entre l'Est et l'Ouest. Au Caucase, la Guerre Froide a survécu à la Glasnost.

Dans ce contexte particulier, le plus dur reste à faire pour les pays de Transcaucasie : trouver leur propre place dans le concert mondial.